Introduction
Le caractère prémonitoire de certains rêves est parfaitement reconnu, et on partage avec les autres peuples de l’antiquité la croyance que Dieu peut utiliser les songes et qu’il les utilise même pour s’adresser directement à certains individus. Par ailleurs, L’univers onirique est un monde dont l’exploration a encore du chemin à se faire car il y’a autant d’interprétations que de rêves. Le rêve est aussi une manière biblique éventuelle par laquelle la voix de Dieu peut essayer de parler à son peuple aujourd’hui. L’Ancien Testament et le Nouveau Testament ont tôt fait d’utiliser le rêve pour montrer qu’il est l’un des moyens par lesquels Dieu se révèle ou communique avec son peuple. Pour Freud qui est le père de la psychanalyse, le rêve est la manifestation des désirs refoulés et c’est d’ailleurs pourquoi il pense mordicus que c’est la voie royale de l’inconscient. Jung quant à lui qui est un psychiatre et psychologue, disciple de Freud pense que le rêve puise sa source dans les faits anthropologiques ; ce n’est pas l’inconscient individuel qui dirige le rêve comme le pense Freud mais c’est l’inconscient collectif. Aujourd’hui tous les chrétiens rêvent et chacun cherche une signification. Et pour éviter qu’on continue de spiritualiser ce qui est simplement psychologique et qu’on continue de psychologiser ce qui est simplement spirituel, nous abordons ce thème.
I- Généralités sur des rêves
Ils proviennent des causes physiques avec l’état anormal de l’organisme du rêveur qui se répercute sur sa vie mentale, des causes psychiques avec le refoulement dans l’inconscient, et des causes spirituelles. Le rêve est symbolique car il ne représente pas toujours la situation de façon directe, mais souvent indirecte au moyen d’une métaphore. Par le rêve, Dieu parle directement ou indirectement à l’homme et est sûr qu’il n’y a rien qui puisse l’empêcher de le comprendre. Un rêve découvre la vérité sous une figure cachée ; par exemple, Joseph interprète le rêve de l’échanson qui se voit en train de presser les raisins dans la coupe de Pharaon et de mettre cette coupe entre ses mains. Le rêve se produit généralement pendant un sommeil profond, la vision quand on est éveillé, et le songe entre sommeil et éveil.
L’oniromancie est la science de l’interprétation des rêves. Dans de nombreux cas, les rêves sont considérés comme des signes susceptibles d’indiquer quelque chose concernant les desseins de Dieu, ou comme des messages envoyés par Dieu. Certains disent qu’en mangeant ses excréments dans un rêve : cela signifie manger son bien dans sa maison ; avoir un rapport avec une vache : passer un bon jour dans sa maison ; manger de la viande de crocodile : avoir une charge d’officier parmi son peuple.
Pour ce qui est de l’importance des rêves, une étude a montré que le chrétien est plus angoissé par les rêves que par le reste des problèmes qu’il rencontre. Dès le commencement, Dieu se révéla à l’homme et l’une des voies qu’il utilise très souvent est le rêve. Par le rêve, Dieu peut donner des recommandations à son enfant afin qu’il évite un danger imminent et qui plane comme une épée de Damoclès sur sa tête. Le rêve peut influencer positivement aujourd’hui la foi du chrétien pourvu qu’il soit disposé à recevoir le message qui lui est inoculé. Dans la Bible, les rêves se présentent comme un don de la grâce de Dieu à son peuple (Joël 2 :27-28). Ici, Dieu se montre comme étant au milieu de son peuple et s’affirme comme l’unique Dieu pour eux. Ce message de réconfort vise à maintenir la relation ou l’alliance existant entre Dieu et l’homme crée à son image. Aussi, l’une des missions de Dieu était d’informer Pharaon à travers les rêves afin qu’il stocke la pitance pendant les années de disette car celle-ci sauvera les Egyptiens et les Hébreux et même les autres peuples de l’Est comme nous rapporte Genèse 41 :25-38. Le rêve ici intervient donc comme l’action de Dieu pour sauver une multitude. Il en est de même dans le cas de Daniel qui sauva plusieurs sages de Babylone et permis au roi Nebucadnetsar de croire, au Dieu de Daniel, créateur de l’univers : Daniel 2 :14 ss. En fait, les rêves ont aussi joué un rôle crucial dans la naissance et la vie de notre Seigneur JESUS-CHRIST (sa naissance, sa fuite en Egypte, les mages qui reprennent un autre chemin épargnant ainsi Jésus de la mort). Trente ans plus tard, alors que Pilate contemple le sort de Jésus, il reçoit ce message de sa femme : “N’ayez rien à faire avec ce juste, car j’ai beaucoup souffert aujourd’hui en songe à cause de lui” (Mt 27, 19).
II- Distinguer les rêves
Les récits des songes se répartissent généralement en deux grandes catégories : les rêves « visuels » et les rêves « auditifs ». Les premiers comportent essentiellement, voire exclusivement des images. Ils se répartissent pour la plupart entre l’histoire de Joseph (Gn 37 :5-11 ; 40-41) et les chapitres araméens du livre de Daniel (Dn 2 :4,7) auxquels il faut encore ajouter le songe de Jacob à Béthel (Gn 28 :12, 15) et le rêve d’un soldat de Madian (Jg 7 :13-15). Parmi ces rêves visuels, on peut distinguer des « songes prémonitoires » : les songes de Joseph (Gn 37) et celui d’un soldat madianite (Jg 7) ; des « songes symboliques » : ceux des Egyptiens (Gn 40-41) et ceux de Nabuchodonosor (Dn 2 :4) ; un « songe visionnaire » reçu par Jacob à Béthel (Gn 28).
Une autre catégorie des rêves, un peu improprement appelés « songes à messages », ont un contenu essentiellement auditif. Dans ces songes, Dieu « vient » ou n’« apparait » en personne ; sans se montrer véritablement au rêveur, il « se tient en sa présence » et lui parle directement (Gn 20 :3 ; 31 :24 ; Nb 22 :9, 20). Le message prononcé par Dieu est sans ambiguïté et le rêveur n’a pas besoin des services d’un interprète à son réveil. Les patriarches et les rois semblent avoir été des personnes prédestinées par leurs fonctions à recevoir de tels songes. Nous pouvons relever le cas particulier du songe d’Abimélek (Gn 20 :3-7), dans lequel ce roi cananéen se voit menacé de mort par Dieu s’il ne rend pas sa femme à Abraham.
Lorsque nous rêvons, il arrive que ce que l’on nous dit soit sous une forme ou une autre d’instruction. Cette instruction peut venir de Dieu (Job 33 :14-18), par l’intermédiaire de ses anges, ou bien de notre propre esprit, qui traite les données que nous avons reçues tout au long de la journée et des jours précédents (Esaïe 29 :8 ; Ecclésiaste 5 :6). Elle peut aussi venir du diable (Job 7 :3).
III- Comprendre, interpréter et faire face à ses rêves.
Il existe une catégorie de rêves qui provoquent l’anxiété, la déception, la dépression et d’autres types d’émotions et d’humeurs. De tels rêves ne viennent pas de Dieu. Ils viennent parfois du diable et de ses agents. En même temps, ce n’est pas parce que nous sommes chrétiens que Satan ne tentera pas d’infiltrer nos vies par le biais des rêves. En fait, le diable et ses agents considèrent le royaume du rêve comme un grand théâtre de bataille, où ils lancent toutes sortes d’attaques contre vous, pendant que vous dormez.
Prendre la peine de toujours prier avant d’interpréter tout rêve, car même si l’on a pour fonction Interprète de rêve, c’est Dieu dans sa grâce qui nous le permet et nous donne d’être à la hauteur de l’interprétation escomptée. Et Joël 3 :1 dit à propos : « Après cela, je répandrai mon Esprit sur toute chair. Vos fils et vos filles prophétiseront, vos vieillards auront des songes, vos jeunes gens auront des visions. »
Développer l’habitude de toujours noter ses rêves dans un bouquin pour permettre qu’au moment de la restitution, on soit le plus fidèle possible ; de plus, en latin, il est dit : Verba voler Escrita maniem ce qui signifie les paroles s’envolent mais les écrits restent. Cette façon de faire permettra que l’interprète ait le maximum d’informations nécessaires pour mieux interpréter le rêve au moment venu. Et cette attitude est encore plus importante parce que nombreux ne se souviennent pas toujours de leurs rêves.
Avoir une large connaissance des symboles de son peuple et de leurs significations. La relation du symbole au symbolisé doit être bien maîtrisée dans la mesure du possible. En effet, mieux, on connait l’univers culturel du rêveur, mieux on se porte au moment de l’interprétation de son rêve ; et c’est pourquoi, les pasteurs et chrétiens doivent chercher à bien connaître la culture camerounaise dans son ensemble.
Tenir compte de l’interprétation que le rêveur donne à son propre rêve. En effet, cette méthode permet à l’interprète de constater ce à quoi tient l’auteur du rêve et ce qu’il considère aussi comme un élément épiphénomène. Cela lui permet alors d’avoir une idée fixe et éclairée sur ce qui l’échappait concernant certains aspects de la vie du rêveur.
Utiliser toutes les armes spirituelles à votre disposition : Le nom de Jésus : L’arme la plus puissante dont nous disposons pour lutter contre les rêves sataniques est l’utilisation du nom de JESUS. (Proverbes 18 :10 : le nom du Seigneur est une tour forte). Le sang de Jésus : Le sang de Jésus est une autre arme que vous pouvez utiliser contre les rêves sataniques. (Apoc. 12 :11). La prière bien précise et concise (1 Thessaloniciens 5 :17) et la Parole de Dieu. Pour un rêve par exemple où vous venez de subir une couche de nuit ou de consommer un repas nocturne, il s’y passe le phénomène de transfert des énergies. Ceci dit, il faut prier en ordonnant à tout ce qui a été déposé en toi par cette couche de nuit ou par ce repas nocturne de sortir d’une manière ou d’une autre et que tout ce qui t’a été volé te soit restituer spirituellement dans son entièreté, tout ceci au nom de Jésus. Et très souvent quand ce repas nocturne ou cette couche de nuit vient de l’ennemi, vous vous sentirez esquintés à votre réveil, vous ressentirez un manque, un vide en vous ; les couches de nuits renvoient à un mari ou une femme de nuit et les conséquences peuvent être les maladies incurables, les malédictions, la stérilité. Les anges de Dieu (Psaumes 91 :10-11) : Les anges de Dieu sont une autre arme à votre disposition. Les anges ont toujours joué un rôle crucial dans les batailles pour Dieu à travers les siècles. Ils ont également été utilisés pour protéger ses serviteurs.
Se purifier de toutes souillures de chair et d’esprit : Il est donc important de souligner ici que tout ce que vos yeux et vos oreilles captent pendant la journée peut aussi être traité par votre esprit et projeté dans vos rêves. C’est pourquoi lire un livre ou un magazine impur, ou regarder toutes ces images obscènes juste avant d’aller au lit peut parfois conduire à des cauchemars. Parce que toutes les images surtout négatives que vous vous présentez à l’esprit seront stockées dans votre inconscient pour être traitées et récupérées plus tard. C’est peut-être l’une des raisons pour lesquelles la Bible nous conseille : de nous purifier de toutes souillures de chair et d’esprit (2 Cor 7 :1). Si vous menez une vie de chrétien alerte et priant, la plupart de vos rêves DOIVENT être des messages agréables de Dieu sur votre vie et celle de votre entourage ou alors des révélations que Dieu vous fait.
Interpréter ses rêves en tenant compte aussi de son univers culturel : Il n’y a pas de rêve qui ne parte pas du substrat culturel du rêveur et il n ‘y a pas de culture qui n’utilise pas de rêve en thérapie. La manière de survenue d’un rêve varie en fait d’une culture à l’autre. Par ailleurs, au sein d’une même culture, de nombreuses différences apparaissent dans la manière dont le rêve se présente et se décrit. Les grecs, les égyptiens et les romains donnaient une place très importante au monde onirique à partir de la culture comme le lien avec les morts, les combats, les mythes). Patrick n’guema n’dong a fait aussi un excellent travail dans ce sens en nous faisant part d’un ensemble de rêve de serpent qui d’un pays africain à un autre avait des significations différentes et par-delà tout, des interprétations différentes et s’appuyant sur la culture du serpent dans chacun des pays de ce rêveur. Ainsi, contre toutes diabolisations des cultures sans discernement est à proscrire. De plus, Dieu est le Seigneur de tout l’univers et donc il est au courant de la culture de toutes et de tous. Ainsi, en parcourant par exemple l’Ancien Testament, on peut se rendre à l’évidence que Dieu utilisait toujours les éléments culturels des rêveurs pour leur parler. Quand Dieu fait rêver Jacob en lui montrant des anges qui montaient et descendaient, c’est parce que les anges avaient déjà une certaine notoriété dans cette société en matière de révélation. Dieu ne s’est donc pas écarté de la culture de Jacob. Quand Dieu fait voir à l’échanson du roi comment il donne une coupe de vin au roi dans son rêve, c’est justement parce que la vigne, le vin, les sarments, le cep qui sont évoqués dans ce rêve faisaient partir des éléments culturels de cet échanson et il en a fait pareil lorsqu’il s’agissait du panetier avec le pain par exemple. Ceci dit, le constat est clair que Dieu puisa dans leur univers ethnologique pour se révéler à eux. Peuple berger et agriculteur, Dieu utilise les éléments culturels d’un tel peuple liés à l’agriculture et l’élevage pour leur parler. Il en est de même aujourd’hui dans la vie de chacun de nous. Dieu passe par ce qui nous est culturellement attaché pour nous parler. Ainsi, il ne parlera pas de la nourriture au Sawa en utilisant le taro à moins que le Sawa par la force des réalités de la vie ait eu dans son parcours un petit héritage Mbouda. Aussi, Dieu ne se révèlera pas en songe au Bamiléké en lui présentant les lieux sacrés comme un lieu où il peut aller jouer et faire n’importe quoi car il est bel et bien au courant de ce que ces lieux-là sont des endroits mythiques dans sa conception. Il est donc urgent de comprendre qu’aucun rêve ne peut avoir une signification objective et une interprétation infaillible s’il venait à être détacher de l’univers culturel du rêveur. Chez les juifs par exemple, une coupe pleine, signifiait qu’on aurait des descendants. Les fruits posés sur la tête, eux, représentaient les chagrins. La pendaison était un moyen de déshonorer le corps d’une personne condamnée à l’exécution (Josué 8 :29 ; 2 Samuel 4 :12). Joseph s’est retrouvé dans un pays et une culture qu’il ne connaissait pas, entouré de gens dont il ne comprenait pas la langue donc, il aurait certainement fait un effort d’adaptation, mieux d’adaptation culturelle. En effet, il venait d’une culture rurale, d’un peuple simple et d’un foyer où il avait fait la joie et la fierté de sa mère ainsi que l’orgueil de son vieux père indulgent.
Conclusion :
Au-delà de toutes les méthodes qui peuvent exister, il faut toujours dépendre du Saint-Esprit afin qu’il te donne l’interprétation qui sied le mieux. Car dans nos relations avec Dieu, c’est de la singularité et chacun a son histoire avec lui. En fonction de nos histoires avec le Tout Autre, nos rêves varient aussi.
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